Message aux Généraux

Salam

Vous avez réussi à arriver au pouvoir sans encombre. Malgré les vociférations, à juste titre, de certains défenseurs de la démocratie et de « la communauté internationale », personne ne doit se leurrer, vous y êtes et vous y resterez….

Maintenant, que les rênes du pouvoir sont entre vos mains, tout le pays vous regarde et attend de vous que vous soyez à la hauteur de vos promesses. Nous vous avons vus en compagnie du Grand Ely, architecte de la démocratie en Mauritanie. D’ailleurs vous dites, être fideles aux principes fondamentaux du mouvement du 3 aout 2005, qui vous ont conduit avec Ely à mettre fin à la dictature de Taya. Il ne vous reste plus qu’a passe aux actes. Sinon, votre coup d’Etat contre Taya, aura été en vain !

C’est comme couper le talon d’Achille du cheval de bataille qui vous a conduit au pouvoir en 2005, avant son arrivée au but. Cheval dont les tous les mauritaniens applaudissaient la progression durant ces trois dernières années et pensaient jusqu'à la veille de votre coup d’Etat, bien lancé dans sa course. Il a depuis changé de cavalier. C’est vous qui tenez désormais les rênes, après Ely et Sidi. Il n’appartient qu’à vous de se comporter en bons cavaliers et suivre le parcours tracé par vos prédécesseurs et surtout votre illustre précurseur Ely.

N’écoutez pas la foule des nouveaux supporteurs qui, pour certains, n’ayant pas réussi à avoir les rênes lors du premier passage du relai (lors des présidentielles), guidés par la jalousie et l’avidité du pouvoir, vous applaudissent aujourd’hui, espérant les avoir demain. Sans se soucier du chemin à prendre ou des précipices qui jalonnent ce parcours singulier qu’est la démocratie, votre cheval de bataille.

Si vous écoutez cette foule de courtisans, elle ne fera qu’aiguiser votre appétit de pouvoir, comme elle l’avait fait, à vos prédécesseurs des régimes dictatoriaux, qui ont gouverné la Mauritanie depuis l’indépendance (Moctar, Ould Walati, Heydallah et Taya).

Comme dit le proverbe hassania, « esmaa klam imbakak, la tasmaa klam imdhahkinak » (écoutes la parole de ceux qui te font pleurer et pas celle de ceux qui te font rire). Car les courtisans n’ont jamais été des bons conseils. Les courtisans créent des dirigeants vaniteux, mégalomanes. En effet, ces dirigeants, dont les oreilles devenues habituées aux douces flatteries, n’acceptent plus aucune contradiction, devenant de véritables tyrans.

Ce n’est pas cela, le destin que vous vous êtes fixés ?

Si tel n’est le cas, vous devez faire comme votre illustre prédécesseur Ely :

Reprendre tout à zéro en lancant une consultation de tout le monde, principalement ceux qui a priori « ne sont pas de votre bord ».

Si vous observez le schéma actuel de la situation politique dans le pays, vous observerez :

- une vague de vielles poules de l’ancienne opposition agglomérée à des lames de fond de l’ancien régime de Taya
- Une opposition légaliste qui tient à ses institutions et aux acquis démocratiques de ses dernières années.
- Des intellectuels et membre de la société civile, tiraillés entre les sirènes des uns et la pertinence du combat des autres.
- Un peuple spectateur des événements, comme à son habitude. Il a tellement souffert et entendu mainte fois les mêmes promesses qu’il est devenu sceptique, ne pensant qu’au moyen de gagner son plat quotidien.

Vous avez déclaré récemment que penser aux problèmes quotidien des mauritaniens vous empêche de dormir. Alors ne vous laissez pas bercer par les flatteries de vos nouveaux courtisans, car la tache qui vous attend est immense et nécessite toute votre vigilance, si tel est votre objectif.

Je suis comme tous les mauritaniens, peiné de cet arrêt brutal de l’élan démocratique, observant avec attention le cours des événements et espérant que tout ira pour le mieux. En effet c’est l’espoir qui fait vivre…

Salam